A la tour de la Baconnière, à Boudry, en Suisse près de Neuchâtel, on fumait le lard. Cette tour destinée à devenir un château, jamais construit faute de moyen, a donné son nom à la maison d’édition en 1927.
De son histoire, spectaculaire par moment, sans ressources financières par d’autres, on retiendra ses publications d’auteurs français (Aragon, Supervielle, Eluard entre autres) dans la collection des Cahiers du Rhône pendant la deuxième guerre mondiale grâce à l’entremise d’Albert Béguin.
On retiendra aussi l’importance de la Baconnière dans l’histoire éditoriale suisse romande et sa diversité de publications (s’y publient des essais, fictions, beaux livres, des livres pour la jeunesse…).
Être une maison d’édition indépendante romande aujourd’hui, c’est naviguer sur différents cours d’eau et embarquer différentes perceptions du monde et différentes générations. C’est publier des auteurs de Suisse romande, essayiste et romancier et des traductions d’auteurs européens.
C’est aussi être engagé en ne reculant pas devant des textes qui le sont mais sans autre parti pris que la délicatesse et l’humour de la pensée qui s’exprime.
S’y publie ainsi des textes qui observent et décortiquent le monde (poétesse écossaise Kathleen Jamie, Karel Capek, Pierrine Poget), des journaux qui questionnent la création (Anita Pittoni, Denis de Rougemont, Daniel Sangsue), des récits qui disent furieusement ou drôlement l’exil (Sergueï Dovlatov, Emanuel Carnevali).
Passée de Neuchâtel à Genève, la Baconnière poursuit les publications d’essais historiques liés à la ville et à l’histoire culturelle contemporaine (PTR, Quai 9)sur la culture locale, par des essais (Une Histoire de Genève de Louis Binz ou des catalogues d’exposition (Alexandrie la Divine, Goethe et la France).
La collection «Langages» a repris vie en 2012 sous la direction du Professeur Daniel Sangsue de l’Université de Neuchâtel. Elle y accueille de noms (Eric Chevillard, Jean-François Louette, Philippe Hamon, Philippe Dufour, etc.) qui signent des livres de critiques littéraires sortant du cadre des essais académiques didactiques.
Le fil rouge de cette maison tient le refus du sentimentalisme et l’attrait des écritures essentielles, de la prose poétique à l’humour ainsi que le suivi de formes plus intimes que le roman : récit, journal, biographie mêlée de fiction.
